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PRODACTION / AGENCE CREACTIVE

THEATRM

(nom, singulier) : Plaque tournante de la création contemporaine.

 

theatroomprodaction@hotmail.com

édition ¬
le fantôme de la liberté ¬

LE PLUS GRAND RECUEIL D’AUTEURS CROATES

EN LANGUE FRANÇAISE VIENT D’ÊTRE PUBLIÉ

 

Nous avons le plaisir de vous informer que la maison d’édition zagreboise Durieux vient de publier, en co-édition avec la plate-forme artistique parisienne THEATROOM, l’édition 2016 de la revue littéraire Le Fantôme de la liberté — revue littéraire pour la survie en ces temps schizophrènes.

 

     Sur pas moins de 912 pages est circonscrit un large cercle d’auteurs et d’artistes contemporains croates, ce qui en fait le plus important recueil d’auteurs croates jamais publié en langue française.

 

     Les auteur.e.s (71) sont présenté.e.s par des extraits représentatifs de leurs œuvres. La rubrique Coup d’essai propose des essais et des études de Snježana Banović, Ivo Goldstein, Dražen Katunarić, Snježana Kordić, Nenad Popović et autres. Des nouvelles et des extraits de romans de Daša Drndić, Zoran Ferić, Damir Karakaš, Milko Valent et nombreux autres sont réunis dans la rubrique Coup de foudre. Parmi de nombreuses et importantes contributions, notons aussi la toute première traduction française d’extraits du roman Les Printemps d’Ivan Galeb de Vladan Desnica. La rubrique Coup de gueule offre des interviews, tandis que la rubrique Coup de théâtre présente la comédie musicale Madame Hamlet d’Alfi Kabiljo et Mate Maras, ainsi que les écritures dramatiques de Janko Polić Kamov avec sa pièce La Tragédie des cerveaux, Slobodan Šnajder et son Kamov, Nikola Tutek et son Théâtre volant, Ivan Vidić et sa pièce À travers les chambres et Vlatka Vorkapić et sa Judith French. Dans la rubrique Coup de grâce nous découvrons les cycles poétiques d’Ivan Slamnig, Danijel Dragojević, Darko Rundek et Branko Čegec, ainsi que de nombreux autres poètes croates contemporains. Le numéro est ponctué par la rubrique Coup d’œil, la galerie des œuvres artistiques de Željko Kipke, Miroslav Sekulić-Struja, Veljko Vidak, Sandra Vitaljić et Davor Vrankić qui signe l’illustration sur la couverture. L’ouvrage clôture la biobibliographie des participants.

 

     Cette édition du Fantôme de la liberté a été conçue par l’écrivain, metteur en scène et traducteur Yves-Alexandre Tripković, par le rédacteur, critique littéraire, traducteur et essayiste Nenad Popović et par l’écrivain et rédacteur Dalibor Šimpraga.

 

     Tous les auteurs, traducteurs, correcteurs et rédacteurs de cette édition du Fantôme de la liberté ont travaillé gracieusement sachant que les subventions annuelles accordées par le Ministère de la culture de la République de Croatie et du Bureau culturel de la Ville de Zagreb auraient largement été insuffisantes pour un projet aussi conséquent voire capital dans le sens de la promotion de la littérature croate.

 

     Ce même enthousiasme avait permis en 2008, à l’occasion du Salon du livre à Leipzig lorsque la Croatie en était le pays invité d’honneur, de publier un important recueil de textes d’auteurs croates, édité en langue allemande cette fois-ci, sous le titre Phantom der Freiheit.

 

     La revue littéraire Le Fantôme de la liberté (Fantom slobode) doit son nom au film éponyme de Luis Buñuel dont le poète Semezdin Mehmedinović s’inspira en créant en ces temps de siège une revue culturelle. Lorsqu’il partit de Sarajevo pour les États-Unis, les membres de la rédaction de la maison d’édition zagreboise Durieux décidèrent, en hommage à ce projet qui a vu le jour dans la ville assiégée, de préserver le nom pour la revue littéraire fraîchement fondée en 2003. Cette première édition spéciale parisienne en est ainsi la petite-fille héritant de la tradition de l’insoumission et du dépassement des frontières.

 

Auteurs présents dans la revue littéraire Le Fantôme de la liberté 2016:

Amir Alagić · Stanko Andrić · Krešimir Bagić · Tomica Bajsić · Asja Bakić · Jerko Bakotin · Stjepan Balent · Snježana Banović · Ana Brnardić · Slađana Bukovac · Branko Čegec · Jean de Breyne · Vlasta Delimar · Lana Derkač · Vladan Desnica · Danijel Dragojević · Daša Drndić · Zoran Ferić · Miro Gavran · Ivo Goldstein · Tatjana Gromača · Iva Hlavač · Željka Horvat Čeč · Davor Ivankovac · Dorta Jagić · Alfi Kabiljo · Damir Karakaš · Senko Karuza · Dražen Katunarić · Željko Kipke · Snježana Kordić · Slađan Lipovec · Branko Maleš · Mate Maras · Vlado Martek · Miroslav Mićanović · Vanda Mikšić · Simo Mraović · Kristijan Novak · Nikola Petković · Sibila Petlevski · Marko Pogačar · Janko Polić Kamov · Edo Popović · Nenad Popović · Ivica Prtenjača · Leo Rafolt · Ivana Rogar · Vedrana Rudan · Darko Rundek · Ivana Sajko · Olja Savičević Ivančević · Miroslav Sekulić – Struja · Ivan Slamnig · Ivan Sršen · Dalibor Šimpraga · Slobodan Šnajder · Igor Štiks · Marko Tomaš · Yves-Alexandre Tripković · Nikola Tutek · Milko Valent · Veljko Vidak · Ivan Vidić · Sandra Vitaljić · Vlatka Vorkapić · Davor Vrankić · Milana Vuković Runjić · Neven Vulić · Ivan Zrinušić · Darija Žilić

pièce de théâtre ¬
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IVAN VIDIĆ

LE GRAND LAPIN BLANC (+ GROUPE DE SOUTIEN)

TRADUIT DU CROATE PAR ¬ Yves-Alexandre Tripković ¬ PRÉFACE ¬ Matko Botić ¬ COLLECTION RECTO/VERSO THEATROOM ¬ 2018 ¬ 144 (+ 112 = 256) pages ¬ 12 €

 

Le Grand lapin blanc est campé dans les cinq dernières années du vingtième siècle, tout est bien connu mais pas moins effrayant pour autant, et les destins qui, face au lecteurs, se dégradent dans une odeur pestilentielle sont les derniers reliques d’une époque révolue, celle de la guerre.

     Le contexte n’est pas caché derrière des stratégies dramaturgiques, des mises à distance par l’humour ou encore des métaphores. « Ce texte a été écrit dans l’intention d’en faire un drame familial, dans un environnement temporel et spatial reconnaissable » dit l’auteur dans son introduction de la pièce, scannant ainsi la société qu’il provoque par l’humour dans ces temps grotesques à un tel point qu’ils peuvent se priver de toute distanciation artistique.
    Ivan Vidić dans son œuvre théâtrale condense une masse impressionnante, avançant en ignorant le fait que même toute cette masse ne suffit pas à déclencher un acte de rébellion ultime, cette réaction nucléaire nécessaire à la création des étoiles.

IVAN VIDIĆ

GROUPE DE SOUTIEN (+ LE GRAND LAPIN BLANC)

TRADUIT DU CROATE PAR ¬ Yves-Alexandre Tripković ¬ INTERVIEW AVEC L'AUTEUR PAR ¬ Tomislav Čadež ¬ COLLECTION RECTO/VERSO THEATROOM ¬ 2018 ¬ 112 (+ 144 = 256) pages ¬ 12 €

 

À la différence de tant de groupes à géométrie variable, ce Groupe de soutien peut se venter d’avoir les membres des plus fidèles.

          Ils taguent à tour de rôles des motifs de leurs destins individuels en traçant des cercles concentriques qui se rejoignent dans une puissante fresque polyphonique et pourtant tout à fait intime.

          La fraîcheur, puis l’extrême précision dans l’œuvre de Ivan Vidić se reflétait dès ses débuts par sa position du punk éloquent, son style est ainsi marqué par un puissant désir, quasi-prétentieux, d’une plongée compétente et philosophique au sein des anomalies et phénomènes sociaux, mais en même temps de cette écriture émane l’inévitable ironie qui ne lui permet pas de se prendre lui-même et ses personnages trop au sérieux.

MIRO GAVRAN

LES PANTOUFLARDS ・ PAPUČARI

TRADUIT DU CROATE PAR ¬ Ivanka Segetlija Jardin ¬ COLLECTION BILINGUE (croate-français) THEATROOM ¬ 2018 ¬ 208 pages ¬ 12 €

 

La comédie Les Pantouflards ・ Papučari de Miro Gavran jongle habillement avec les attentes tout en distillant ce parfum subtil qui enveloppe les relations entre les hommes et les femmes. ¬ Une pièce qui va droit au cœur dont elle se saisit. ¬ 

 

Miro Gavran (1961) débute au théâtre en 1983 avec la pièce L’Antigone de Créon, traitant avec une intense énergie artistique la manipulation politique. Trois ans plus tard, dans la pièce La nuit des dieux il écrit sur le rapport de l’artiste au pouvoir dans le système totalitaire. Puis se consacre au cycle des pièces où prévalent les rapports homme-femme. ¬ Il a créé un grand nombre de personnages féminins complexes. Ses héroïnes sont à la fois puissantes et émotives. ¬ Son travail est salué par une vingtaine de prix littéraires et théâtrales en Croatie et à l’étranger, parmi lesquels le PRIX CENTRAL EUROPEAN TIME 1999 et le PRIX LE CERCLE EUROPÉEN 2003 pour avoir affirmé les valeurs européennes dans ses textes, ainsi que le PRIX ALOIS MOCK POUR L’EUROPE 2017. ¬ La COLLECTION BILINGUE offre le TEXTE ORIGINAL et sa TRADUCTION FRANÇAISE. 

 

MILKO VALENT

L'EUROPE NUE

TRADUIT DU CROATE PAR ¬ Yves-Alexandre Tripković ¬ PRÉFACE ¬ Boris Senker ¬ THEATROOM noctuabundi, 2007 ¬ 123 pages ¬ 9 €

 

L'Europe nue met en scène la catastrophe de la guerre comme drame féminin. C'est une catastrophe balkanique, mais elle figure en même temps la décadence du monde occidental au paroxysme de la guerre et du terrorisme. Le thème de ce drame, celui de la femme dans la guerre, et avant tout de la femme urbaine du monde occidental dans la guerre, nous est douloureusement familier. Dans une famille européenne comprise au sens large comme l'Europe urbanisée, une jeune fille pleure son fiancé mort à Sarajevo pendant l'occupation. Le cadavre réunira aussi la famille théâtrale de la fiancée, le deuil s’exprimant d’une manière toute particulière. Par une mise en perspective aussi joyeuse qu’ironique, cette pièce permet à Valent d'établir le diagnostic d’une époque chaotique dominée par la banalité d'une civilisation épuisée. Le jeu d’acteur englobe la réalité ou, pour être plus précis, pose les fondements de cette réalité illusoire, le texte ayant été pensé comme une pièce en (perpétuel) devenir. Et malgré le constat défaitiste, Valent ouvre une brèche par le biais de ce personnage collectif des Majorettes...

événements ¬
festival theatroom 01 ¬

le fântome de la liberté ¬

le grand lapin blanc ¬
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rundek & isabel ¬

matoš & proust ¬

ALMIR BAŠOVIĆ

VISIONS DE L'ÂGE D'ARGENT / RE : PINOCCHIO

TRADUIT PAR ¬ Mireille Robin / Laura Matveef ¬ PRÉFACE ¬ Sava Andjelkovic ¬ THEATROOM noctuabundi ¬ 2007 ¬ 123 pages ¬ 9 €

 

S'il ne fallait souligner que l'une des qualités de cette pièce exceptionelle qu'est Visions de l'âge d'argent, ce pourrait être le traitement de cette terrible réalité des Balkans sans prise de position excessivement engagé. La position de l'auteur à l'égard de cette réalité s'exprime indirectement, à travers l'émotion dont l'auteur se distancie en s'écartant du drame réaliste, en recourant habilement à des références du passé, de l'héritage théâtral européen : Brecht — avec l'héroïne Fatime, sorte de Mère Courage musulmane —, l'incotournable Beckett — avec le sentiment de l'absurdité du monde et la reprise mot pour mot de plusieurs répliques d'En attendant Godot —, Büchner — avec un parallèle entre Woyzeck et Fatima, remarqué par une femme metteur en scène de Bosnie-Herzégovine, bien qu'elle n'ait pas encore eu l'occasion de monter la pièce —, et enfin la tragedie greque et Aristophane, — avec les motifs du quotidien et la peinture de la société à travers le prisme de l'ironie et de la satire.

       Les somni figuræ et les personnages des Visions de l'âge d'argent, tout comme les personnages doubles de Re : Pinocchio montrent combien l'univers de Bašović dépasse les limites de la scène théâtrale, s'immisçant profondément dans notre univers, dans les rêves du lecteur-spectateur, ceux de Bašović et / ou de ses personnages. Ces deux pièces ont vraiment beaucoup à dire au lecteur français un tant soit peu curieux.

 

MIRO GAVRAN

COMMENT TUER LE PRÉSIDENT

TRADUIT DU CROATE PAR ¬ Yves-Alexandre Tripković ¬ THEATROOM noctuabundi ¬ 2006 ¬  pages ¬ 9 €

 

Le titre provoquant Comment tuer le président (sans point d'interrogation, nota bene) met habilement en scène des question pertinentes, de la menace de la globalisation qui obsède un des personnages principaux qui pense avoir trouvé LA solution pour s'affranchir dans le meilleur des mondes, en passant par la question de la fidélité émotive dont le couple devrait bénéficier jusqu'à la transgression des liens familiaux au nom d'un avenir plus certain... Quatre pôles, tendus jusqu'à l'épuisement de certains concepts, représentés par deux frères et leurs épouses, deux possibilités, une seule réponse...

MIRO GAVRAN

CINQ DRAMES = L'ANTIGONE DE CRÉON ・TCHEKHOV A DIT ADIEU À TOLSTOÏ ・SHAKESPEARE ET ELISABETH ・ QUAND UN COMÉDIEN MEURT ・ LA NUIT DES DIEUX

TRADUIT DU CROATE PAR ¬ Caroline Dukić, Philippe Gelez et Yves-Alexandre Tripković ¬ PRÉFACE ¬ Dubravka Vrgoč ¬ THEATROOM noctuabundi ¬ 2003 ¬  272 pages ¬ 19 €

 

La nuit des dieux. Une sorte de huit-clos comme on en trouve dans Escurial sur fond de Reine morte... tel un royume pourrissnt, la vérité ne pouvant se dire que dans la représentation même... « Le théâtre est le piège où je prendrai la conscience du roi » découvre Hamlet... l'orgeuil des puissants mis à mal ! Cependant quelle vérité traquée par l'auteur... montrer Louis et Molière réunis dans leurs déboires amoureux manipulés dans l'ombre par ce bouffon, sorte de Yago funeste... ivresse vérité... carnage de ce monde... nous révélant son véritable gouvernant : le bouffon... capricieux et incontrôlable ? « La vie n'est qu'une ombre en marche pleine de bruit et de fureur, contée par un idiot et qui ne signifie rien » déplore le terrible Macbeth à l'annonce de la mort de sa femme... tableau d'une France aveugle figée dans l'instant d'une représentation pour qu'elle y découvre son vide sa vanité, et son agonie... femme... absente ! dont la mort plane telle une Eurydice et nous demande tel Orphée de traverser les limbes de la mémoire pour la ressusciter en notre cœur à nouveau souriant...

romans ¬
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DAMIR KARAKAŠ

LES ESQUIMAUX

Recueil de nouvelles ¬ Traduit du croate par ¬ Yves-Alexandre Tripković ¬ LETTRES CAPITALES ・THEATROOM ¬ 2019 ¬ 128 pages ¬ 12 €

 

Peuplant ses histoires de destins au bord des précipices et sur des terrains bien glissants, Damir Karakaš dans son puissant recueil de nouvelles Les Esquimaux fait la part belle aux gens que rien ni personne n’épargne. ¬ S’appuyant en partie sur le recueil Les Esquimaux, le metteur en scène italien Paolo Magelli a mis en scène la pièce Le pentagramme zagrebois, récompensée par de nombreux prix. ¬ Les Esquimaux est la première œuvre littéraire croate à avoir été traduite en langue arabe et publiée au Caire chez Dar El Kalema. ¬ Ciselant ses phrases en joaillier, ses histoires gagnent en éclat à chaque relecture. La signature des grands. ¬

Damir Karakaš est né en 1967 à Lika en Croatie, région montagnarde connue par son scientifique à la renommée internationale Nikola Tesla, ses hivers rudes et les loups. ¬ Il a vécu à Bordeaux et Paris où il survivait en jouant de l’accordéon. ¬ Détenteur de prestigieux prix littéraires, ses œuvres sont traduites en une dizaine de langues.

spectacles ¬
tulipe ou la protestation ¬
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l'exposition ¬

la mort d'ismaïl aga ¬

closer ¬

THEATROOM + Les INSOMNIAQUES présentent

marseille blues ¬

l'europe nue ¬

Publié en 2007 par THEATROOM, la pièce L'EUROPE NUE de Milko Valent traduite par Yves-Alexandre Tripković à été mise en scène en 2014 par Sava Andjelkovic dans le cadre de l'Atelier théâtre serbo-croate de l'UFR d'Etudes slaves de l'Université Sorbonne Paris IV. THEATROOM prêta main-forte à la production de l'EUROPE NUE.

tesla ¬

THEATROOM prêta main-forte

à la productiondu spectacle TESLA. 

le maître bâtisseur ¬

THEATROOM prêta main-forte à la production

du MAÎTRE BÂTISSEUR HAYRUDDIN II.

l'antigone de créon ¬

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MIRO GAVRAN

L'AMI DE KAFKA

Traduit du croate par ¬ Yves-Alexandre Tripković ¬ LETTRES CAPITALES ・THEATROOM ¬ 2019 ¬ 160 pages ¬ 12 €

 

La profonde admiration et la grande amitié animant Franz Kafka et Max Brod ainsi que la relation qu’ils entretenaient avec les femmes qui les ont marqués, sont au cœur du roman L’ami de Kafka de Miro Gavran. ¬ Suivant les traces entremêlées que laissent l’amour et la littérature, nous redécouvrons Prague entre 1903 et 1924 ainsi que Tel Aviv en 1953. ¬ Ce roman d’une finesse rare a été récompensé par le Prix de l’Académie croate des sciences et des arts. ¬

Miro Gavran est né en 1961 à Gornja Trnava près de Nova Gradiška en Croatie. ¬ Ses œuvres ont été traduites dans une quarantaine de langues. ¬ Son travail est salué par de nombreux prix littéraires.

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MILKO VALENT

LES LARMES ARTIFICIELLES ・PQ

Traduit du croate par ¬ Yves-Alexandre Tripković ¬ LETTRES CAPITALES ・THEATROOM ¬ 2018 ¬ 176 pages ¬ 12 €

 

Les Larmes artificielles. PQ traitent un large éventail de sujets et de motifs importants dont le plus significatif est celui de la banalité de l’époque. Mais l’œuvre en soi est loin d’être banale grâce à sa distance aussi bien critique qu’ironique. ¬ Le roman est riche en intertextualité, en citations implicites et références aux classiques du monde littéraire. ¬ C’est un diagnostic existentiel du début du XXIe siècle teinté d’un humour sophistiqué.

Les Larmes artificielles. PQ est une inquiétante et puissante prose du « village global » urbain teintée d’une ironie discrète, d’une forte compassion et d’une profonde compréhension pour la fragilité humaine, sa détresse et son aliénation. ¬ La poétique prosaïque de Milko Valent, le réalisme psychotique, qu’il déploie dans ce roman démontre clairement que l’art du roman contemporain est de présenter le chaos quotidien et constant. Mais cela ne veut en aucun cas dire que le roman Les Larmes artificielles. PQ soit chaotique, hermétique ou difficile d’accès, bien au contraire, car l’auteur se refuse au cynisme ambiant et, par une prose forte et subtile et par un « inquiétant calme philosophique », qui n’est pas sans rappeler celui de Hermann Broch et Robert Musil, il démontre, sans concession aucune, le chaos transitionnel aussi bien de la Croatie que de l’Europe.

Milko Valent n’est pas provocant uniquement dans le choix et la manière dont il traite ces sujets, mais également par le diagnostic précis avec lequel il examine chacun des thèmes. C’est ainsi que Les Larmes artificielles. PQ deviennent en quelques sortes un diagnostic existentiel du début du XXIe siècle. ¬ Le roman de Valent, aux strates multiples, a une structure polyphonique et est doté d’une percée au centre des vies humaines dissociées, aliénées, et qui sont donc nerveuses, chaotiques et imprévisibles, mais tout aussi riches en sens multiples ce qui permet au lecteur d’enrichir son imaginaire et d’élaborer une collaboration créative interactive avec l’écrivain aussi bien pendant qu’après la lecture.
 

Romancier poète, dramaturge, essayiste et critique théâtral, Milko Valent est né le 6 juillet 1948 à Zagreb, Croatie. ¬ Il a publié de nombreux livres et pièces de théâtre. Ses œuvres figurent dans de nombreuses anthologies et recueils de poésie, de prose et de pièces de théâtre. Une partie de son œuvre a été traduite dans une dizaine de langues. ¬ Son roman Les Larmes artificielles dont nous présentons le concentré sous la forme des PQ, a obtenu le prix national Vladimir Nazor pour la meilleure œuvre littéraire publié en Croatie et le prix littéraire Stipan Bilić-Prcić décerné par L’Académie croate des sciences et des arts.

SIMO MRAOVIĆ

CONSTANTIN CRAINTDIEU - Roman minoritaire

Traduit du croate par ¬ Yves-Alexandre Tripković ¬ THEATROOM noctuabundi ¬ 2008 ¬ 151 pages ¬ 10 €

 

Constantin Craintdieu (Konstantin Bogobojazni) est un véritable roman culte - au moins sur la scène littéraire alternative croate. Un roman où l’on parle beaucoup de sexe, de nourriture et de police.

       Ce roman raconte les aventures d’un poète zagrébois, qui erre de bistro en boîtes de nuit dans les redoutable années 1990... On parle beaucoup de « peuple minoritaire », et ce n’est qu’au bout de quelque pages que l’on comprend que le « peuple minoritaire » est devenu « majoritaire » dans un nouvel État, ce qui a pour conséquence immédiate que « l’autre peuple » devient, à son tour, « peuple minoritaire »... Il faut aussi quelque pages pour que le narrateur nous dévoile sa lente et tardive prise du conscience de son appartenance à ce « peuple minoritaire »....

 

Publié à peu d’exemplaires dans des circonstances assez inhabituelles chez l’éditeur zagrebois SKD Prosvjeta, Constantin Craintdieu fut à l’origine de l’un des plus grands scandales littéraires de l’après-Tudjman. Ce roman, qui décrit sur un ton ironiquement frivole la première moitié des années quatre-vingt-dix, durant laquelle ce poète enjoué issu du « peuple minoritaire » se cache de la police militaire en se réfugiant chez ses maîtresses, dans les bars et les boîtes de nuit, irrita profondément la critique institutionnelle. L’auteur fut traité d’individu sans scrupule, et ce texte complètement inoffensif fut comparé aux plus sombres machinations littéraires jamais élaborées dans les bureaux des renseignement généraux. Mais le premier tirage fut épuisé presque aussitôt après sa parution et continua ensuite de circuler de la main à la main, tel un samizdat ou une cassette vidéo au contenu proscrit... Ce roman nous raconte les errances d’un jeune poète qui, plongé dans la brutalité des années quatre-vingt-dix, dresse une topographie précise, priapienne et souterraine de la « bienveillante ville de Zagreb ».

CRITIQUE

MIRO GAVRAN

JUDITH

Traduit du croate par ¬ Philippe Gelez, Edi Miloš et Yves-Alexandre Tripković ¬ THEATROOM noctuabundi ¬ 2001 ¬  114 pages ¬  édition bibliophile.

 

 

essais ¬
Robertino Bartolec _ Le Compromis de Salomé _ THEATROOM + MODERNIST.png

ROBERTINO BARTOLEC

LE COMPROMIS DE SALOMÉ  

Traduit du croate par ¬ Yves-Alexandre Tripković ¬ Traduit en anglais par ¬ Robertino Bartolec ¬ THEATROOM + MODERNIST ¬ 2023 ¬ 176 pages ¬ 15 €

 

Par le cierge biblique initial, Wilde/Krleža donnent une leçon de l’histoire qui ne pulse pas dans la simplicité d’un livret de répétition religieux. Même si nés au XIXe siècle (1854/1893), leurs préoccupations par de grandes idées et tentatives de trouver de l’ordre dans le chaos de l’existence sont le déclencheur de l’inspiration qui s’est ensuite propagée sur l’immense terrain historique, l’avalanche de la culture, de la politique, de la psychologie. C’est un carambolage de thèses nouvelles, discernements, déploiements d’événements convertis dans notre stade temporel - le troisième millénaire.


Robertino Bartolec est essayiste, traducteur et éditeur : MODERNIST. Vit à Varaždin, Croatie.
 

Leo Rafolt _ Chorégraphie de l'éphémère _ LETTRES CAPITALES THREATROOM 2021.png

LEO RAFOLT

CHORÉGRAPHIE DE L'ÉPHÉMÈRE  

Traduit du croate par ¬ Yves-Alexandre Tripković ¬ LETTRES CAPITALES ・THEATROOM ¬ 2021 ¬ 176 pages ¬ 12 €

 

Après avoir définit le cadre de sa méthodologie, Leo Rafolt dans la Chorégraphie de l’éphémère élabore une carte sémantique particulièrement créative sur laquelle il localise les spécificités de la société japonaise, pour être plus précis, de l’homme japonais, ou plus précisément encore : l’essence même de l’âme japonaise. ¬ L’auteur ne se contente pas de sa maîtrise des courants théoriques contemporains, mais sa recherche contribue à les dynamiser renforçant ainsi l’interaction interdisciplinaire des discernements de diverses sphères énergétiques des sciences humaines, approfondissant ainsi les connaissances sur la civilisation japonaise sur un large éventail de la culture traditionnelle et croyances originelles en passant par les installations multimédia jusqu’au aveuglements sectaires. ¬ L’art d’un récit fluide, par cette cascade d’essais qu’est la Chorégraphie de l’éphémère, permet à Leo Rafolt de dessiner avec une précision calligraphique le contour contextuel sémantique éclairé par des interprétations stimulantes ouvrant la voie à la discussion sur le documentarisme, la littérature, la photographie et les installations, dégageant l’espace, en suivant l’intuition de l’auteur « d’une expérience immédiate du Japon » a une séduisante chorégraphie des signifiants évasifs. ¬


Philologue et théâtrologue de vocation, Leo Rafolt est né en 1979 à Zagreb et a enseigné dans de nombreuses universités dont celles à Washington, Ljubljana, Katowice, Sosnowiec, Paris, Rome, Tokyo et Sapporo, et a participé à une trentaine de séminaires internationaux. ¬ Pour son travail il s’est vu décerner le Prix d’État pour la science (2008), le Prix annuel de la Faculté des Lettres et Philosophie de Zagreb (2009), le prix Judita (2009) et le prix Zvane Črnja (2020) pour son recueil d’essais Virus in fabula. ¬ Il enseigne à l'Académie des arts et de la culture d'Osijek en Croatie. ¬ Il est maître de nanbudo.

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DJORDJE MATIĆ

VISAGES DU SILENCE 

Traduit du croate par ¬ Yves-Alexandre Tripković ¬ LETTRES CAPITALES ・THEATROOM ¬ 2020 ¬ 192 pages ¬ 12 €

 

Par sa belle érudition et le sens aigu pour le détail, Djordje Matić dans ses essais d’une grande maîtrise stylistique saisit les profondeurs des spécificités culturelles et artistiques des sphères européennes orientales et occidentales qu’il enveloppe dans des rythmes jouissifs des chamans du jazz et tel un chef d’orchestre dessine des cercles qui par des imprégnations concentriques offrent une nouvelle lecture des entrelacements historiques d’une partition universelle ponctuée par des connaissances aigres-douces. ¬ En excellent portraitiste, il invite généreusement dans sa galerie de personnalités les plus grands noms de la scène artistique, mais aussi les protagonistes des histoires intimes qui chantent l’exil. ¬


Poète et essayiste né en 1970 à Zagreb, Djordje Matić voyage dans le temps et l’espace créant sa cartographie intime conscient des forces puissantes du contexte global. ¬ Ses études de la littérature anglaise et italienne à l’Université d’Amsterdam et sa fructueuse collaboration avec des revues littéraires ainsi que sa passion pour la musique et sa connaissance aussi bien pratique que théorique en font un charmant interlocuteur érudit, qui rappelle que la culture en général, la musique et la littérature en particulier et l’histoire obéissent au principe des vases communicants. ¬ Homme de dialogue, invitant à son écritoire les esprits les plus brillants et les illustres inconnus, ses pages rappellent les pages sombres de l’histoire tout en prônant l’humanisme, à l’aube du XXIe siècle en sévère perte de vitesse.

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NENAD POPOVIĆ

LA PETITE PSYCHIATRIE EUROPÉENNE

Traduit du croate par ¬ Yves-Alexandre Tripković ¬ LETTRES CAPITALES ・THEATROOM ¬ 2019 ¬ 144 pages ¬ 12 €

 

Une écriture savamment dosée — la finesse de l’observation, l’érudition, l’engagement, l’humour fin et l’humanisme recueillis dans La petite psychiatrie européenne de Nenad Popović, rebelle avec causes — fait éclore cet antidote dont on ne saurait se passer dans le désert d’une époque en perte de repères. ¬ En cartographiant, par le biais d’une série d’essais, avec une précision chirurgicale les points névralgiques sociaux et politiques en Croatie et en Europe, l’auteur nous offre une importante chronique d’un diagnostic chronique. ¬

Nenad Popović, éditeur, essayiste et traducteur, né à Zagreb en 1950, a reçu de nombreuses récompenses pour son travail dont Premio ’92 per il lavoro letterario de L’Institut italien, Prix du livre de l’entente européenne de Leipzig, avec Freimut Duve le Prix Bruno-Kreisky pour le livre politique, et la Médaille Hermann Kesten du Centre PEN allemand. ¬ Engagé dans des actions humanitaires, il participe à la création de la Fondation pour l’aide aux familles des journalistes victimes de la guerre de Croatie. ¬ Le quotidien Süddeutsche Zeitung le désigne comme un des grands faiseurs de paix.

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LUKA TRIPKOVIĆ

UN TESTAMENT CROATE

Traduit du croate par ¬ Yves-Alexandre Tripković ¬ LETTRES CAPITALES ・THEATROOM ¬ 2019 ¬ 64 pages ¬ 12 €

 

Sensible et charmante, l’autobiographie romancée de Luka Tripković Un testament croate, séduit par son humour fin et la justesse du ton. ¬ La belle leçon qui nous est léguée est comment, tout en s’appuyant sur les obstacles, réussir son parcours d’homme en suivant sa bonne étoile. ¬

Luka Tripković, l’homme aux multiples passions, né à Zagreb en 1947, a parcouru le monde en journaliste de talent. ¬ L’homme à la moustache souriante, c’était lui, celui qui, si vous saviez gagner sa sympathie vous offrait son amitié, c’est tout lui, s’accompagnant d’un inlassable sifflement de bonne humeur et irradiant d’optimisme ceux qui croisaient son chemin.

 

récit grafique ¬
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YVES-ALEXANDRE TRIPKOVIĆ

POUPÉES EN PAPIER / PAPIRNATE LUTKE

Récit graphique sur la découverte de la création et la destruction.

COLLECTION RECTO/VERSO + BILINGUE (croate/français) ¬ THEATROOM 2021 ¬ 24 (+ 24 = 48) pages ¬ 8 €

Yves-Alexandre Tripković _ Poupées en pa
lettres ¬
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SAVA ANDJELKOVIC

metteur en scène et directeur artistique

ATELIER THÉÂTRE SERBO-CROATE

(serbe, bosniaque, croate, monténégrin)

Paris, FRANCE

 

LES CAPACITES MISE A L'EPREUVE

 

 

L’IMPORTANCE DU CHOIX 

 

Avant tout, dans le choix d’un texte (littéraire, poétique voir une pièce de théâtre) on doit prendre en compte les raisons pourquoi est-ce précisément ce texte-là que nous mettons en scène, et à quelle point correspond-il à la situation sociale actuelle. Pendant le travail de l’adaptation d’un texte on tentera de souligner les éléments qui ont une importance pour le metteur en scène et sa vision de la pièce (en éliminant les couche redondantes, en développant ou modifiant certains aspects, par la réécriture ou la répétition de ce qui est important).

          La mission de l’adaptateur d’un texte dramatique doublé a celui du metteur en scène requiert aussi bien l’étude de l’auteur en question que du texte qui nous intéresse. Le processus de préparation est bien long et commence bien avant le travail avec les interprètes. Le travail de l’adaptateur du texte s’arrête lorsque le metteur en scène l’accepte, sauf si la même personne n’est pas aussi incarnée dans celle du dramaturge dans le sens allemand du terme et que son travail se voit poursuivi jusqu’à la première représentation. Ainsi, lors des répétitions il prêtera attention à ce que les interventions aussi bien du metteur en scène que des interprètes prennent effet, s’assurant que l’histoire soit intelligible permettant aux spectateurs de suivre l’action tel que cela avait été prévu dans l’adaptation.

          C’est au metteur en scène de souligner les éléments qu’il trouve essentiels. Cela est rendu possible grâce aux discussions aussi bien avec les autres collaborateurs de la pièce (le scénographe, le costumier, le compositeur) qu’avec les comédiens qu’il dirigera dans leurs jeux, prêtant attention aussi bien au rythme de chaque scène que du tempo de la pièce dans sa globalité. C’est lui qui est responsable des idées qu’il souhaite placer, de la manière dont les comédiens interprètent les rôles et de tout ce qui est visible sur scène, en un mot c’est de lui que dépendra la réussite ou pas de la pièce.

          Dans le travail avec les étudiants et amateurs, le metteur en scène se doit toujours de leur demander plus de ce qu’ils peuvent accomplir en réalité car pendant le travail il se verra obligé, due à la nature de l’amateurisme, d’abandonner certaines idées. Il arrive toutefois que dans le processus du travail il lui faut remplacer certains interprètes qui soit pour des raisons diverses ne viennent pas aux répétitions (la faute des interprètes) ou à cause d’un choix préalable malencontreux des interprètes (la faute du metteur en scène).

 

LE THEATRE EN TANT QU’OUTIL PEDAGOGIQUE

 

Comme je me consacrait à l’écriture et au jeu, quand à mon cheminement théâtral, suite à une formation littéraire et théâtrale, j’ai embrassé la carrière d’enseignant. Puis, dans le cadre des cours de langue et de la littérature il s’est avéré que le théâtre était un excellant outil pédagogique ce qui m’as permis, grâce au soutient aussi bien des professeurs que des étudiants à poursuivre la pratique de la mise en scène des œuvres littéraires qui sont enseignées dans le programme. 

          Ce qui me plaît le plus dans la mise en scène est le travail lors des répétitions et la mise en épreuve aussi bien de mes propres capacités que celle des étudiants à donner vie sur scène à une œuvre littéraire. J’apprécie peut-être un peu moins, tout en étant conscient de leur importance, les travaux administratives autour d’un projet, à savoir la recherche des finances et l’organisation des espaces et des horaires de répétitions et représentations.

 

COMPRENDRE LE CONTEXTE

 

Pour se réaliser en tant que metteur en scène, mis à part un large spectre de culture générale qui devrait être incessamment alimenté, il est important de cultiver son intérêt pour les arts, la littérature et la mise en scène (avec des sorties régulières au théâtre), et cela réunit avec le talent existant pourrait à mon avis apporter bien plus que les formations dispensés dans des écoles d’arts.

          Ce qui est vital dans l’exercice de ce métier est donc une bonne connaissance de la littérature, tout comme des particularités sociales dans lesquels les auteurs créent, et donc la compréhension de la place de l’individu dans de tels circonstances, puis, ne serait-ce qu’un peu de talent, de la réflexion et un certain intérêt pour la vie que mènent les jeunes personnes et leurs questionnements. Je recommanderais vivement la lecture des classiques à travers le prisme de la vie actuelle, tout en cherchant chez les auteurs contemporains des questions archétypes.

 

 

 

 

DOMINIQUE DOLMIEU

metteur en scène

Théâtre national de Syldavie

Maison d’Europe et d’Orient

Paris, FRANCE

 

A LA RECHERCHE DE L’HOMME-ORCHESTRE

 

 

L’INDUSTRIE VS L’ARTISANAT

 

          En tant que metteur en scène vous êtes amené à faire beaucoup de production, un peu de promotion et une pointe de travail artistique...

Concernant la production il s’agit de la recherche de subventions, d’aides aux projets : CNT, DRAC, ARCADI, ADAMI... L’ADAMI est plus difficile en raison des critères, qui sont intenables pour le secteur indépendant. Il y a aussi la recherche de partenariat privé, soit par le financement participatif soit par le mécénat, ce qui est plus rare. La troisième option est la vente de spectacles, mais c’est une pratique du vingtième siècle qui n’existe plus que dans des cercles très fermés…

          Il y a trois secteurs dans le théâtre français. Le secteur commercial pur et dur, composé des théâtres privés à but lucratif ; le secteur institutionnel, financé majoritairement par la puissance publique (depuis les théâtres nationaux jusqu’aux théâtres municipaux), et dont le directeur est nommé par la puissance publique. Ces deux secteurs font l’objet d’une reconnaissance par les conventions collectives. Le troisième secteur est le secteur indépendant : c’est une initiative de la société civile qui fonctionne selon le droit privé en tant qu’association à but non-lucratif, mais qui peut être financée majoritairement par la puissance publique et se consacre à des missions de service public. Malheureusement il n’est pas reconnu par les conventions collectives, alors que c’est le champ le plus intéressant pour la création, justement par le fait qu’il soit intermédiaire.

       Concernant la gestion, le théâtre indépendant a des contraintes différentes du théâtre institutionnel, mais il a plus de souplesse. Il peut accueillir des initiatives en urgence, ou des projets émanant de territoires non reconnus. N’étant pas soumis à une hiérarchie, il est plus difficile de faire pression sur lui.

         Il y a bien d’autres points qui nous opposent. Le théâtre institutionnel fonctionne sur des jauges qui sont insensés ; on ne peut pas faire du théâtre pour une salle de 1000 personnes. Au-delà de 400 places les comédiens et le public n’ont plus aucune relation et ça n’as plus aucun sens. Ce n’est plus du théâtre, mais du cinéma ou de la télévision. L’expérience de cette relation avec des êtres en chair et en os est réduite à une abstraction.

        Il y a aussi d’autres exigences de rentabilité, la priorité étant trop souvent aux chiffres. Comme il est conformiste, il se croit obligé de monter et remonter toujours les mêmes classiques pour son public d’abonnés, alors que le secteur indépendant travaille à la recherche de nouvelles formes et de nouveaux publics. Le secteur institutionnel va chercher la sécurité et refuse toute prise de risque. Il fonctionne sur un schéma industriel, alors que le théâtre est nécessairement un art artisanal. Vous me direz que le théâtre antique avec ses théâtres immenses est un contrexemple. Mais j’entends bien ces remarques des spectateurs de la MEO, qui apprécient cette expérience de la proximité avec les acteurs, qui est essentielle. Peut-être est-ce finalement ce qu’on appelle maintenant le théâtre immersif ?

 

 

LE STRIP-TEASE DES CONVENTIONS

 

Après une rencontre avec un texte se pose d’abord la question de la faisabilité : les droits sont-ils disponibles, quelle production sera nécessaire, quelle distribution, quelle scénographie, et également les contraintes de calendrier. Si je pouvais, je produirais trois ou quatre productions par an ! Mais les conditions de production sont telles qu’on ne réussit qu’à produire un spectacle par an, avec une production biennale, une année avec des financements plus ou moins sérieux, la suivante à la recette.

          Le secteur indépendant, lorsqu’un projet n’a pas assez de financement, peut décider de se lancer tout de même dans sa production, alors que les syndicats appelleront à faire le contraire. Car selon la convention collective, vous devez rémunérez vos artistes et techniciens pour un minimum de 4 semaines de répétitions et toutes les représentations. De ce fait, 95 % de compagnies françaises sont dans l’illégalité. Mais le moteur du secteur indépendant n’est ni le pouvoir ni l’argent, c’est vraiment la création artistique, et son carburant est l’enthousiasme. On peut alors être amené à s’interroger : le projet sera-t-il professionnel, semi-professionnel, ou amateur ? On pourrait même comparer certaines entreprises à une vocation religieuse. Structurellement la plupart des compagnies indépendantes ne peuvent pas employer en permanence des collaborateurs, régisseurs, administrateurs et autres. Mais la mutualisation fait malgré tout son chemin et les compagnies comprennent de plus en plus qu’il est nécessaire de s’organiser collectivement, par exemple via le réseau RAVIV. Cela dit, il faut tout de même une certaine dose de folie et d’obstination pour persévérer dans ce secteur. 

 

LA COURIOSITÉ UNILATERALE

 

Ce qui me motive le plus au théâtre est peut-être de surprendre et de faire découvrir, de donner la possibilité à d’autres artistes de s’exprimer, tout comme de contribuer à la construction européenne - dans les esprits. Servir d’intermédiaire entre toutes sortes de propositions artistiques européennes, et un vrai désir du public. Il a cette curiosité car il sait bien que les médias ne parlent de certaines communautés qu’en cas de catastrophes uniquement. Alors évidement le public a envie d’en savoir plus. Il y a une offre internationale dans l’institution, mais l’Europe, pour les institutions, se limite généralement à l’Angleterre et l’Allemagne, au mieux l’Italie et l’Espagne. Cela crée un grand manque par rapport à l’Europe de l’est et le monde arabe. Danilo Kiš disait: « Tout ce qui se passe ici, dans la culture, en politique, en littérature, c’est mon monde, une partie du moins, c’est ma culture. Je connais tous les noms de la culture française. Je vis avec eux, je leur parle, ils me répondent. Mais eux ne vivent pas avec moi. Entre nous, aucune référence n’est possible à ma culture, à ses grands thèmes. Leurs thèmes sont les miens, mes thèmes ne sont jamais les leurs. » La curiosité est malheureusement trop souvent à sens unique, c’est une partie de l’héritage de notre passé colonial. La MEO essaye de combler ce manque par des actions culturelles, des festivals, une promotion particulière. C’est un état d’esprit différent car pour moi le spectacle, une fois terminé, doit continuer dans la tête du spectateur, par exemple en discutant avec les artistes qu’ils peuvent facilement rencontrer. Le circuit du partage doit remplacer le circuit de consommation.

          La MEO a un public pour partie véritablement fidèle, très varié, mais accueille aussi constamment de nouveaux publics, notamment ceux de « nouveaux arrivants » ou issus de diasporas plus anciennes, et à la recherche d’un morceau de leur héritage, à une période de leur vie. Elle essaye de rester une maison ouverte et de conserver son mode de fonctionnement participatif. La Maison ne pourrait jamais fonctionner sans ces artistes et tous les bénévoles. C’est leur maison, c’est notre maison. Elle n’a pas été fondée autour du talent de tel ou tel artiste, mais plutôt autour d’une vision que nous avons de la culture, de la société et de l’Europe.

 

 

HALLUCINATIONS ADMINISTRATIVES

 

Étant moi-même ancien fonctionnaire, je comprends parfaitement les contraintes de procédures et de comptabilité du service public. Mais le choc de la simplification n’a pas eu lieu, c’est même tout le contraire. La pression technocratique est de plus en plus forte. Le secteur est constamment contrôlé, alors que tout le monde sait que ce n’est pas là qu’on trouve les abus les plus nombreux ni les plus importants. Il subit des audits par des personnels sans les compétences requises et qui plus sur des critères ultra-libéraux. Il est mis en situation de fraude de manière basique, et il n’y a plus de différence entre un bilan de projet et un rapport de contrôle. La mesure de la chose est invraisemblable et cette bureaucratie stupide génère un gaspillage économique hallucinant. Je ne fais pas mon petit commerçant poujadiste de service, je ne suis pas non plus adhérent au Médef, mais la nuisance est réelle et sérieuse.

          Mais malgré tout, même si c’est souvent très limite, on se doit de continuer. Disons qu’une des prédispositions pour faire ce métier serait d’être quelque peu zinzin. Bien entendu, il y a bien pire, mais cela finit par devenir extrêmement compliqué de travailler dans de telles conditions.

          Et puis il y a la baisse du niveau d’intérêt des élus pour l’ouverture. Dans les années 90 la classe politique véhiculait encore cette volonté de construction européenne, il y avait encore un certain engouement. A présent on a l’impression que l’Europe fait partie des sujets qui fâchent, comme si la classe politique avait « l’Europe honteuse ».

 

 

L’ANTI-GOUROU

 

Ce qui est important dans le travail avec les artistes c’est de ne pas oublier l’humour et la bienveillance, tout comme dans la vie d’ailleurs. C’est même précisé dans nos contrats ! C’est une des raisons pour lesquelles j’apprécie les textes de l’Est en général car même dans les situations les plus horribles, il y a toujours l’humour qui percute sans pour autant empêcher de traiter des questions sérieuses, à la différence du cadre occidental qui a tendance a être assez lourd et bien sordide.

          Il est aussi important d’être un acteur plein, au contraire de dilettante, responsable dans le sens de la création d’un environnement où chacun est force de proposition. Certes c’est le metteur en scène qui tranche, mais ce qui m’intéresse c’est de construire cette responsabilité sur une base collective. Le résultat doit appartenir à tous, chacun doit être en mesure de le revendiquer. L’acteur doit être disponible et le metteur en scène doit provoquer ce qu’il recherche, non chercher à l’imposer par la force. Il y a des metteurs en scène qui travaillent avec des comédiens un peu comme avec des marionnettes ; d’autres qui leur adresse à peine la parole, et il peut aussi en ressortir des choses extraordinaires. Mais je préfère largement avoir une réflexion commune sur ce qu’on va pouvoir construire ensemble.

          En dehors des qualités techniques, en tant que comédien il y a aussi un désir de s’exposer, que je n’ai pas. J’ai plutôt celui de découvrir et faire découvrir le travail des artistes. Bien sûr j’ai tenu quelques rôles sur le plateau, mais c’était davantage pour mieux connaître l’expérience de l’acteur et mieux communiquer avec mes comédiens.

         Un des points communs entre les personnes qui constituent notre troupe est cette curiosité pour l’Autre. Il y a aussi un goût pour la prise de risque et cette faible capacité à se conformer aux clichés. Ce sont des personnes généreuses et riches humainement. Et nous restons des électrons libres de s’engager dans tel ou tel projet.

 

PLACE A L’INGENIOSITÉ MULTIPLE

 

Il faut avoir conscience de la nécessité d’un large éventail de qualités et de compétences pour exercer ce métier. Le génie artistique n’est pas tout. Les relations humaines sont primordiales, aussi bien dans le travail avec les proches collaborateurs que dans les mondanités les plus creuses. Savoir communiquer est déterminant pour articuler des projets et favoriser l’émergence du désir. Mais il ne faut pas non plus vendre son âme. On voit trop de productions dont la richesse de l’emballage indique la vacuité du projet artistique.

          Il est aussi important de connaître la structure à qui l’on souhaite s’adresser et tâcher autant que possible de se mettre à sa place. Difficile par exemple de proposer des projets à des structures sans s’informer au préalable des conditions qu’elles offrent.

          C’est vrai que la France a longtemps été en retard sur les formations à la mise en scène, mais il en existe plusieurs à présent - le mieux est de se renseigner au service documentation du Centre national de théâtre. A vérifier mais il doit y avoir un cursus à l’ENSATT à Lyon, au Conservatoire national, et à l’Institut d’études théâtrales. Elles ont bien sûr leurs différences, notamment sur la capacité à être opérationnel en sortie de formation.

          Il faut également être familier avec des disciplines moins artistiques, comme par exemple les relations publiques, la presse, la communication, les outils informatiques, la production, les institutions, les subventions municipales, régionales, nationales et internationales ; avoir quelques notions de philosophie, d’histoire, d’histoire de l’art, de langues si vous travaillez à l’international ; et un minimum de formation technique en son, lumière, scénographie, dramaturgie, ainsi qu’un savoir-faire dans la direction d’acteurs. En un mot il faut être un homme ou une femme-orchestre.

          Dans mes travaux, le texte et l’acteur étant au centre, j’essaye de réduire au maximum la scénographie et les accessoires. Il y a trop peu de fonds pour le gaspiller à des choses moins utiles, qui finissent le plus souvent par distraire de l’essentiel. Trop de compagnies par exemple utilisent la technique comme un palliatif, un élément décoratif ou illustratif, alors qu’elle doit être en interaction et qu’il faut toujours essayer de garder une certaine humilité.

          Personnellement je porte un grand intérêt pour le théâtre dit non-textuel où le mouvement et la chorégraphie ont une part importante, par exemple la pièce de Peter Handke Le pupille veut être tuteur, qui est uniquement composée de didascalies. La quasi-totalité des textes que monte la compagnie provient du réseau Eurodram.

 

 

PROVOQUEZ L’INATTENDU

 

          A ceux qui se lancent le défi d’envisager la production artistique je suggère de chercher une sorte de créneau, de manque, une niche pour innover. Il faut aussi définir la viabilité économique du projet. Chercher des partenaires qui pourraient y participer, anticiper les rendez-vous. L’artistique et l’administratif ne sont pas nécessairement en dichotomie, la créativité peut aussi se trouver dans les modes de gestion…

 

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