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Appel au soutien : 3ème Génération, le court-métrage documentaire de Grégory Méra-Goldberg

Photo du rédacteur: Grégory Méra-GoldbergGrégory Méra-Goldberg









« Il faut longtemps pour que resurgisse à la lumière ce qui a été effacé. Des traces subsistent dans les registres et l’on ignore ou ils sont cachés et quels gardiens veillent sur eux - et - si ces gardiens consentiront à vous les montrer. Ou peut-être ont-ils oubliés tout simplement que ces registres existaient. Il suffit alors d’un peu de patience ». 

Patrick Modiano


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J’ai 40 ans depuis quelques semaines. Je suis de la 3è génération. Je n’ai connu ni la guerre, ni l’après- guerre et la reconstruction du pays comme mes parents l’ont connu. Je me sens habité comme une part significative de cette génération qui a reçu l’exil en héritage lointain et le besoin de me souvenir comme une indispensable loyauté envers la famille disparue. Et je me sens porteur d’une responsabilité. Celle d’entretenir la mémoire familiale réduite en cendre. Issu d’un couple mixte, d’une mère Française d’origine juive polonaise et d’un père Caraïbéen lui-même lointain descendant de l’esclavage et de la traite, mes identités multiples m’évoquent un rassemblement de mondes entiers disparus dont je ressens la nécessité d’entretenir le souvenir. Mais pour quels motifs ?, me demande-je moi-même. D’abord, pour me rappeler d'où je viens, moi qui n’ai pas été inscrit dans une culture vernaculaire créole ou juive. Mais, aussi, pour savoir où je vais dans la vie. En d’autres termes, me souvenir que l’oubli tue lentement. Et que peut-être aussi, que la pulsion de mémoire est sans limites. Je crois que la voie la plus sûre pour construire son futur, c’est d’approfondir le passé. Cela m’a conforté dans mon idée de quête des origines soutenue par la Loi de Hansen sur les 3è génération d’immigrant qui légitime mon besoin de mémoire. Lorsque ma grand-mère nous a quittés, j’ai réalisé à quel point il m’était nécessaire de valoriser les membres de notre famille disparue et oubliée. Quelques années avant sa mort, elle avait fait le vœu devant moi de savoir ce qu’était devenu son père, ses oncles, et tantes, ses cousins qui n’avaient plus donné signe de vie après la guerre. Je me suis senti investi d’une mission. Retrouver la trace de la famille officiellement « non-rentrée ». Mais quel intérêt puis-je avoir à me tourner vers le passé de mes aïeux ? Comment retrouver l’histoire familiale lorsqu’elle a été perdue de la mémoire des proches ? Pourquoi n’y a-t-il eu aucun héritage culturel ou cultuel de Pologne dans la famille ? En quoi l’assimilation en France a t-elle achevé le processus d’éradication de nos origines familiales ? Je m’interroge toujours autant.


Il s’agit d’un court-métrage documentaire. Contrairement à la fiction, il prends le parti d’accompagner des personnages réels de ma famille. Le choix s’est porté sur la 3è génération. Celle à laquelle j’appartiens. Certains rescapés les nomment « les témoins des témoins ». Ils ont parfois connus les grands-parents rescapés. Parfois, trop peu. Néanmoins, ils peuvent somatiser physiquement ou psychiquement la vie de leurs ancêtres brutalement interrompus ; ou vivre une vie par remplacement. Dans la littérature récente, on parle de syndrome ou de troubles associés théorisés comme celui de la « Third Génération », et de mécanisme de post-mémoire...


Grégory Méra-Goldberg


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Merci !

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