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Photo du rédacteurMarijan Grakalić

Avec le départ de Dubravka U.



Dubravka Ugrešić







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Dans la nuit à nouveau l’éclat froid de l’époque passée

frappe à la porte, il ne craint pas les idéaux de l’esprit, de la santé

ou les efforts du bonheur, il a sa propre cloche dans le clocher

caché construit de souvenirs et monuments

en pierre. Je les fuis, là plus que nulle part ailleurs

on peut ressentir la mort, ta mort également. Alors quelqu’un,

n’importe qui, publiera une photo avec toi sur la façade d’un palais, sur le mur du château décrit

dans un vieux livre. Il le fera car voulant lui-même

être dans l’aura de la gloire posthume, pour se distinguer

en tant que confident de ses propres souvenirs ou encore de ceux des autres, pour

qu’on prête attention à quel point ton départ est pour lui

tout autant une perte, peu importe la teneur, mais sans aucun doute

déjà écarté de la gueule de la vie dans l’ombre, à l’endroit

où la lumière se retire face aux ténèbres, quelque part où

expirent tout les saluts de l’obscurité. La seule chose en quoi je crois

maintenant sont les mots qui montent tout droit vers mon

cœur, ils n’immortaliseront rien ni personne, même pas

toi, mais seront juste honnêtes et remplis de leur propre fatigue,

fatigue du monde qui disparaît avec nous sur les rues désertes

des villes. Il ne reste quasiment plus rien, en printemps

on oublie encore plus qu’en hiver, et bientôt peut-être

qu’il n’y aura vraiment plus personne pour sentir l’éclat froid de l’époque,

le frémissement de la main engourdie et les lèvres jetées au bord de la route.


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traduit par yat


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