Gisèle Vanhese lauréate du Prix Eugen Lovinescu
Gisèle Vanhese
Le mercredi 27 novembre 2024, sous l’égide de l’Académie roumaine, le Musée National de la Littérature Roumaine de Bucarest a décerné au professeur émérite Gisèle Vanhese le prestigieux Prix Eugen Lovinescu destiné aux intellectuels qui ont fait connaître et diffusé la langue et la littérature roumaines à l’étranger : Premiul Eugen Lovinescu - pentru promovarea limbii şi literaturii române în străinătate.
La cérémonie a été précédée par une laudatio prononcée par un des membres du Jury, le Professeur Mircea Martin, et suivie d’un bref discours de remerciements et de réflexions par la lauréate.
*
Monsieur le Directeur,
Mesdames et Messieurs, les membres du Jury
Mesdames et Messieurs,
C’est une grande joie d’être avec vous aujourd’hui dans le cadre magnifique du MuséeNational de la Littérature Roumaine de Bucarest. Je remercie le Musée et le Jury qui m’ont accordé le prestigieux Prix Eugen Lovinescu et c’est, pour moi, un grand honneur de le recevoir.
Je dirai donc quelques mots sur mon expérience de diffusion de la littérature roumaine à l’étranger. La première voie a été et est bien entendu celle de la publication de mes essais et de mes livres sur des auteurs roumains et, en tout premier lieu, sur Mihai Eminescu. J’ai eu la chance de rencontrer l’éminent philologue que fut le Professeur Petru Creţia, qui a manifesté un fort intérêt pour mon travail d’exégèse. Et le Professeur Petru Creţia a laissé un témoignage en ce qui concerne son attention pour mes recherches. En effet, la première édition – datant de 1994 – de Constelaţia Luceafărului ne contient qu’une seule note en bas de page et elle est relative justement à mes études sur le grand poème.
Une autre voie a été celle de l’enseignement. À l’Université de la Calabre, j’ai tenu des cours sur plusieurs matières où j’ai toujours réussi à insérer, dans le programme, des auteurs roumains. À côté de l’enseignement de la Littérature Roumaine destiné aux étudiants spécialisés, il existe en fait d’autres voies, plus indirectes. Je pense à l’enseignement de la Littérature Comparée que j’ai tenu pendant presque trente ans. Mon cours contenait au moins un auteur roumain. J’ai toujours aussi inscrit, dans mon cours de Littérature française, des auteurs roumains francophones comme Anna de Noailles, Benjamin Fondane, Ilarie Voronca, Tristan Tzara, Panaït Istrati, Ionesco, Cioran et bien d’autres encore. Ces écrivains migrants sont, par ailleurs, devenus une catégorie essentielle pour comprendre l’influence de la globalisation sur la culture contemporaine et ses répercussions sur le processus identitaire, en particulier en ce qui concerne la formation de l’homme européen, et j’ai eu, ici aussi, la chance d’avoir pour guide en ce domaine, le grand critique littéraire que fut le Professeur Eugen Simion. Le Prix prestigieux Eugen Lovinescu est, pour moi, une merveilleuse récompense qui me permet de vivre avec vous ce moment décisif pour mon lien profond avec la Roumanie et qui intensifie encore plus ma passion pour son incomparable littérature.
Je vous remercie.
*
Pourquoi cette passion – c’est plus qu’un engouement – pour la littérature roumaine et la Roumanie ?
Je n’ai pas de lien familial roumain, mais dès mes études universitaires en Philologie romane, où l’on étudiait toutes les langues romanes, j’ai conçu une grande admiration pour la langue roumaine, apprise en particulier pour lire le poète du XIXème siècle, Mihai Eminescu, considéré comme le poète le plus important de la Roumanie. J’ai d’abord fait une longue carrière universitaire, à l’Université de la Calabre, comme titulaire d’une chaire de Full Professor de Littérature française et, dans sa dernière partie, ayant formé des chercheurs calabrais qui pouvaient reprendre mon enseignement de Français, j’ai décidé de passer, après des démarches complexes au Ministère de l’Instruction italien, sur une chaire de Littérature roumaine que j’avais fait créer quelques années auparavant et qu'avait occupée, pendant une brève période, une importante linguiste de Bucarest. J’ai à nouveau formé de jeunes chercheurs dont un a repris ma chaire à l’UNICAL et l’autre est devenu Professeur à l’Université de Bari. J’ai beaucoup aimé que le Professeur Mircea Martin ait rappelé dans sa laudatio non seulement mes livres de critique littéraire, mais aussi mon enseignement et mes élèves.
Cette passion pour la littérature roumaine, et plus en général pour la littérature et la culture des Balkans, a aussi été décisive dans le choix de ma mutation définitive à l’Université de la Calabre. En effet, la Faculté comprend un important Institut d’Albanologie vu que la Calabre (comme la Sicile) a donné refuge – au Moyen-Age – à une communauté d’Albanais chrétiens qui fuyaient les Turcs (La Mort d’Ismaïl aga).
*
Félicitation !
*
*