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Photo du rédacteurNenad Popović

J’entends le monstre respirer








« J’entends le monstre respirer ». Ainsi est titré le texte de la prix Nobel Elfriede Jelinek lu hier à la grande manifestation contre l’extrême droite sur l’avenue viennoise Ring. Elle l’a écrite pour cette occasion et c’est la comédienne Mavie Hörbiger du Burgtheater qui l’a lue devant trente-cinq, selon les organisateurs quatre-vingt mille personnes.


« J’entends le monstre respirer, j’entends le souffle de la démocratie faiblir de plus en plus. Je suis heureuse que vous soyez tous ici, voulant lui insuffler une nouvelle vie. J’espère qu’il n’est pas trop tard. »


La semaine dernière de telles grandes manifestations contre l’extrême droite se sont tenues dans toutes les grandes villes de l’Allemagne. La cible est le partie AfD, le déclencheur les rencontres discrètes d’importants idéologues de l’extrême droite, organisateurs et influents entrepreneurs au bord du lac Lehnitzee dans la luxueuse villa Landhaus Adlon à Postdam. Parmi les participants des consultations secrètes on compte aussi le persécuteur néonazi Mario Alexander Müller, l’ancienne présidente de la société pour la pureté de la langue allemande Silke Schröder, tout comme les membres éminents du partie Die Identitären.


Le déclencheur d’immenses manifestations sont les mauvais souvenirs des Allemands de ce genre de rencontres dans des villas des industriels et seigneurs du fer depuis les années vingt jusqu’à la conférence fatale dans une villa au bord du lac Wannsee.


Elfriede Jelinek: « Et y participe toujours un Autrichien, au moins un !, nous participons toujours quand il y a quelque chose à exporter et que les Allemands ne l’ont pas encore. »


Aujourd’hui, le 27 janvier, un sentiment étrange, loin d’être bon. Benyamin Netanyahou a en seulement quelque mois usé d’un grand crédit de l’Holocauste, de la Shoa, ce qui veut dire de la mort de six millions de Juifs. Ce qui reste un sacrifice inconcevable à cause duquel une bonne dose de compassion, de bons sentiments et de l’identification est transposée sur Israël, le pays où les survivants pouvaient s’abriter.


Israël, au moins pour moi, n’était jamais une question purement politique mais une question d’humanité. En Europe on ne peut être un homme qu’en vivant avec un crime terrible, qui a eu lieu il n’y a pas si longtemps que ça. Ça ne change rien que tu soit né ou pas ou que tes parents n’aient pas participé à ce crime, ou en ont profité ou étaient juste « indifférents » envers les Juifs.


La nausée aujourd’hui, car l’année 1944 était une année terrible, peut-être la pire de l’Holocauste, il suffit de se représenter les raids de masse dans l’Hongrie de l’époque, conduits par la main sûre de l’officier SS Edmund Veesenmayer, qui a été dépêché de Zagreb, où il supervisait notre génocide, pour qu’il fasse du bon boulot à Budapest, et celle d’Adolf Eichmann, l’homme en charge des trains vers l’Auschwitz et Bergen-Belsen et qui était à la conférence au bord du charmant lac Wannsee à Zehlendorf, quartier huppé de Berlin.


La nausée à cause du massacre du Hamas de mille cinq cent personnes à un open air concert, le pogrom, à cause de plus de cent personnes kidnappés à ce moment-là, avec lesquels, au cas ils seraient toujours en vie, on négocie, au compte-goutte. Tu veux des enfants, veut-tu ceux à la double nationalité, ou plutôt des vieillards malades, tiens, et toi donne en retour.


La nausée car Benyamin Netanyahou marchande aussi avec les sympathies envers les Juifs à travers le monde. Fait du chantage : Si t’es contre la politique d’Israël, alors t’es antisémite. Aide-moi et défends-moi, moi Netanyahou, et tout ira bien. L’homme contre lequel se lève toute la société israélienne.

Et à Gaza l’image miroir, Hamas tente de se faire passer dans les yeux du monde pour « Palestiniens », qui, pour montrer la justesse du Hamas, n’ont qu’à périr massivement et souffrir entre lui et Netanyahou et sa bande.

Alors comment, la question est celle du 27 janvier de cette année, commémorer les victimes de l’Holocauste, leur honneur dans le chagrin. Comment garder la conscience de qui et de quoi il s’agit, même si cela pour l’instant ne demeure qu’une question européenne.




traduit par

Yves-Alexandre Tripković

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