Nagasaki de Eric Faye au 100ecs
Monsieur Shimura, célibataire et méticuleux, habitant Nagasaki est convaincu qu’on vient lui chaparder des aliments dans son frigo pendant son absence. Il installe alors discrètement une webcam afin de surveiller sa cuisine depuis son lieu de travail. C’est ainsi qu’il découvre étonné qu’une femme inconnue se fait tranquillement un thé. Il appelle la police, mais se repend aussitôt. Trop tard. Shimura apprendra qu’elle vivait chez lui dans un placard à futons à son insu depuis plus d’un an. Cette découverte bouleversera sa vie. Qui est-elle ? Pourquoi s’est-elle installée ici ?
Le récit de Mr Shimura et de cette femme énigmatique, c’est celle de deux êtres solitaires qui auraient pu se rencontrer, s’aimer et vivre une histoire commune. Mais comme deux planètes en orbite, ils étaient à la fois liés l’un à l’autre et condamnés à l’éloignement…
Écrit d’après un fait divers japonais, Éric Faye a obtenu en 2010 le grand prix de l’Académie Française pour son roman Nagasaki.
« Les protagonistes de Nagasaki traversent leurs vies modestes sans aspérité et ne laisseront aucune empreinte derrière eux (…) mais cette absence, ce vide, ce rien, finalement, emplit l’espace de rencontres ratées, de drames de l’existence, de virages mal négociés, de regards donnés au mauvais moment, de phrases ou de gestes maladroits », ajoute le metteur en scène, qui construit, autour de ce vide, le récit d’un rendez-vous manqué. Les trois excellents comédiens (Nina Cruveiller, Natalie Akoun et Olivier Cruveiller), accompagnés au violon et au bandonéon par Laurent Valero, dessinent avec délicatesse et élégance les contours de ce monde flottant, organisé, comme dans les estampes d’Hokusai, autour du vide métaphysique qui aspire les choses et les êtres, révélant à la fois leur plénitude, leur beauté mais aussi leur vanité et leur infinie fragilité. Le décor épuré, les lumières et la musique de Laurent Valéro donnent à la pièce toute sa dimension. Deux paravents mobiles, trois tabourets et de grands panneaux de papier évoquent discrètement le pays du Soleil levant et nous transportent dans les différents lieux. La webcam fait apparaître la femme comme une ombre chinoise, comme un spectre rappelant les ombres des disparus anonymes imprimés sur les murs après la bombe atomique de Nagasaki en 1945. Les protagonistes sont condamnés à rester dans l’ombre d’une vie sans aspérité, déchirée comme le sont les panneaux de papier tombant du plafond.
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adaptation
Olivier Cruveiller
mise en scène
Olivier Cruveiller & Barthélémy Fortier
avec
Natalie Akoun, Olivier Cruveiller, Nina Cruveiller, Laurent Valero
lumières
Nino Valette
production
Cie Les Madones & Cie Ce soir-là, c’était la neige.
avec les soutiens du
Théâtre de l’Epée de bois, du 100ecs, du Garage théâtre de Cosne sur Loire, le CRESCO de Saint Mandé et de la SACD
durée
1h30
représentations 07 + 08/04/2023
à
20h00
(durée 1h30)
au
100, rue de Charenton / 75012 Paris
rencontre avec l’auteur Eric Faye après la représentation du 8 avril