Nouveaux recueils de poésie de Jean de Breyne
C'est un plaisir de vous annoncer la parution de deux recueils de poésie de Jean de Breyne chez propos2editions.
Après quasi trente livres publiés, Jean de Breyne écrit ce rendez-vous de la table, dans l’endurance de cette patience. Ses livres sont ainsi, depuis La Disparition et ensuite (1984) à ses récentes Adresses (2019), ils insèrent en eux les nœuds du bois comme des points de jonction entre ce qui lie, délie ou heurte. Sa syntaxe, si reconnaissable, est faite de ces mêmes accidents, intégrant ici un mot impropre qui diagonalise sa phrase, tend son rythme ; ici un article est éludé parmi leur emploi régulier, créant comme une boiterie naïve de désaccords subtils. C’est ce qui est beau, faute d’un autre mot, dans son phrasé, et particulièrement dans ce Duende, qui réunit sept ensembles (écrits en 2018 et 2019), à l’exception de la section éponyme finale, datant de 2006. Façon de tourner le dos à tout commencement, façon de monter le livre sur la table, de lui donner sa force en l’ouvrant contre le temps linéaire additionnable. Cet agencement de sections de poèmes aux régimes tous singuliers ne donne pourtant jamais l’impression d’exercices de styles fouillis ou habiles. C’est bien au contraire la discrétion de l’agencement qui gagne le lecteur. Que les chapitres se titrent « Chants », « Cheminées » ou « Un seul poème par jour», ils sont tous reconduits à une matérialité, enlèvent toute magie et les donnent comme des séries discrètes : ici c’est un « carnet Moleskine » terminé à Zagreb, là un simple « carnet noir mince », le suivant sera un « carnet noir Canson ». Sur chacun d’entre eux, quelque chose se dépose, qui étonne.
Emmanuel Laugier, extrait, in Le Matricule des Anges, juillet 2021.
Bon de commande